La Provence - 04 Novembre 2025
" Le marché de l'immobilier dans la région Paca se relève doucement. Didier Bertrand, président de la Fnaim régionale, évoque un secteur "en convalescence", freiné par une pénurie structurelle de logements et un climat de défiance, mais soutenu par une valeur refuge : la pierre.
"Le marché souffre d’un manque de logements, les Français ont du mal à se loger, que ce soit en location ou à l’achat", résume-t-il. À cela s’ajoute "une instabilité politique et économique" qui bride la confiance. Pourtant, la pierre demeure "le dernier repère de stabilité".
Après un point bas en 2024, les volumes repartent à la hausse d’environ 10 %, selon les territoires, tandis que les prix se stabilisent entre -2 % et + 2 %. "Les taux d'intérêts, après avoir fait le yo-yo entre 1 % et 4 %, se sont fixés autour de 3 % à 3,5 %, ce qui relance l’investissement."
Mais la tension reste forte. "On manque de logements depuis quarante ans. La démographie, les divorces, la mobilité géographique, tout cela crée un déséquilibre durable. Le neuf d’aujourd’hui, c’est l’ancien de demain : si on ne construit pas, on nourrit la crise future."
La reprise ne profite pas à tout le monde. "De nombreuses agences ont fermé, notamment celles nées après le Covid, quand les volumes explosaient. Beaucoup n’avaient pas de trésorerie suffisante, détaille l’expert immobilier. Plus inquiétant encore, certaines agences familiales, pourtant expérimentées, peinent à s’adapter."
Face à elles, une nouvelle génération d’acteurs digitaux émerge. Didier Bertrand ne les rejette pas mais tempère : "Ils ne font pas le même métier. Ils utilisent le digital pour réduire les coûts et jouer sur le volume, mais ils ne parlent pas de transmission, de conseil, d’accompagnement."
Pour lui, la clé réside dans l’équilibre : "L’avenir est au figital : des agences à la fois physiques et numériques, capables d’apporter proximité et innovation."
Ces nouveaux acteurs misent sur la rapidité et les prix cassés, mais montrent vite leurs limites. "Nous n’avons jamais eu autant de demandes. Les gens veulent des interlocuteurs formés, fiables, qui restent présents après la transaction. Ils redécouvrent la valeur du sur-mesure."
Vers un nécessaire encadrement des mandataires
Autre enjeu : la prolifération des réseaux de mandataires, qui font payer leurs recrues pour se former et accéder au marché. Didier Bertrand le reconnaît : la prochaine secousse viendra de l’intelligence artificielle. " L'IA offre un accès quasi gratuit à l’information immobilière. Si les plateformes ne reposent que sur la technique et le prix, elles seront balayées. Le métier, lui, repose sur l’humain, le conseil, la confiance."
Et de conclure : "Dans un monde de plus en plus volatil, l’achat d’un logement reste le geste le plus engageant de notre vie. Ce que les gens demandent, c’est de l’accompagnement, du conseil, de la proximité. Ce n’est pas ringard : c’est, au contraire, l’avenir de notre métier."
Geneviève Van Lede
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